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La stratégie du sauna finlandais: Les frontières des Digital Humanities

Abstract

Digital Humanities is getting a lot of attention! But do they exist as a community, unified and consistent? Is this community’s government balanced and democratic? Up to now, no study has explored such a community by investigating its members, looking at them through the prism of multilingualism and geography. The "Who are you, Digital Humanists?" survey, conducted after THATCamp Luxembourg (Terras 2012b) and promoted at DH2012 (Hambourg), provided an incomplete, though already significant, sample of 850 people who accepted to answer a questionnaire. The survey found a highly mixed linguistic and geographic profile, the existence of outsiders who either were not aware of the study or did not pay attention to it, the marginalization of English as a first language, and the dominance of English as a second language. It showed that Digital Humanities are strongly influenced by History and Classical Studies, but have little or no bearing on disciplines concerned with today’s world, on the one hand, and with Web sciences, data mining and text mining, on the other hand. A major event on cultural diversity, the Digital Humanities 2012, was governed by Europe and North America, namely the United Kingdom and its former colonies (Ireland, Canada, the United States and Australia). The Anglophone community strikes again, it appears. In order to measure progress in the diversity of the power of our community, this paper proposes the creation of an indicator, the Digital Humanities Decision Power (DHDP), which measures the gap between the various groups of Digital Humanists and their power in the field and the scientific selection procedures. On the basis of this indicator, a collective debate is necessary to make our community more responsive to linguistic and geographic diversity. We call this the Finnish Sauna strategy.

 

Les Digital Humanities, on en parle! Mais existent-elles comme une communauté, unie et cohérente? Le gouvernement de cette communauté est-il équilibré et démocratique? Aucune étude n’avait, jusque-là, exploré une telle communauté à travers une enquête concernant ses membres, au prisme du multilinguisme et de la géographie. L’enquête "Who are you, Digital Humanists?" lancée à l’issue de THATCamp Luxembourg (Terras 2012b) et promue au cours de DH2012 (Hambourg), a permis de récolter un échantillon incomplet, mais déjà significatif, de 850 personnes, qui ont accepté de se prêter au jeu du questionnaire. On y découvre une très grande diversité linguistique et géographique, l’existence d’un hors-monde qui n’a pas vu l’enquête ou n’y a pas prêté attention, la marginalité de l’anglais comme première langue, mais sa domination comme second idiome. S’y révèlent des Digital Humanities fortement marquées par l’Histoire et les études classiques, mais très peu, beaucoup trop peu, connectées aux disciplines s’intéressant au monde contemporain, d’une part, et au sciences du Web, à la fouille de données, à la fouille de textes, d’autre part. On y découvre également un événement majeur, les rencontres Digital Humanities 2012, dont le thème était la diversité culturelle, gouverné par l’Europe et l’Amérique du Nord, et plus précisément par le Royaume-Uni et ses anciennes colonies (Irlande, Canada, Etats-Unis d’Amérique, Australie). L’anglophonie a encore frappé, dira-t-on. Afin de mesurer les progrès de la diversité au cœur du pouvoir de notre communauté, cet article propose la création d’un indicateur, le Digital Humanities Decision Power (DHDP), qui permet de mesurer l’écart entre la taille des bassins de Digital Humanists et leur pouvoir dans l’expertise et les procédures de sélection scientifiques. Sur la base de cet indicateur, un débat collectif est nécessaire pour rendre notre communauté plus ouverte à la diversité linguistique et géographique. Nous appelons cela la stratégie du Sauna finlandais.

Keywords

Digital humanities, géographie, cartographie, communauté

How to Cite

Dacos, M. (2016). La stratégie du sauna finlandais: Les frontières des Digital Humanities. Digital Studies/le Champ Numérique, 6(2). DOI: http://doi.org/10.16995/dscn.41

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Introduction

En mars 2012, lors du THATCamp Luxembourg (Wieneke 2011), dans le cadre d’un atelier dédié au multilinguisme à l’échelle européenne, nous avons suggéré de mettre en place une enquête géographique et linguistique sur la communauté des humanités numériques. Nous disposions alors de bien peu d’informations sur la diversité de ce que nous considérions comme notre communauté scientifique (Clavert 2015; Wieneke 2011). CenterNet établissait une belle carte des centres spécialisés en humanités numériques, très riche et utile, mais se positionnant au niveau des organisations et non des individus (Centernet 2015). De son côté, la proposition de quantification des humanités numériques réalisée par Melissa Terras en 2011 ne privilégiait pas les facteurs géographiques et linguistiques (Terras 2011; Terras 2012a). Elle se concentrait, de facto, sur des dispositifs, organisations et indicateurs essentiellement anglophones. Elle décrivait ses humanités numériques et on pouvait avoir l’intuition que celles-ci ne coïncidaient pas avec les nôtres, ne serait-ce que parce qu’elle ignorait les listes de discussion non anglophones ou les financements hors UK et ÉU. Pourquoi ignorer DANS, le TGE Adonis, l’ANR Corpus ou Dariah, par exemple, si ce n’est par ignorance de leur existence? Le sens de l’enquête "Who are you, Digital Humanists?" était d’élargir le spectre linguistique et géographique, c’est-à-dire d’introduire l’espace et les langues dans le questionnement. Cette interrogation n’était pas isolée. La "Digital Diversity: Cultures, languages and methods" était le thème principal de la rencontre DH2012 qui avait lieu à Hambourg, en Allemagne ("Digital Humanities 2012" 2015). Dans sa conférence sur ce sujet, Claudine Moulin, professeure à l’Université de Trèves, directrice scientifique du Trier Center for Digital Humanities et membre du conseil fondateur de DHd, l’association des sciences numériques dans les pays germanophones, a appelé les 500 participants à répondre à l’enquête "Who are you, digital humanists?" lancée à Luxembourg.

L’enquête se présentait sous la forme d’un texte court:

Bienvenue dans l’Enquête sur les Digital Humanities. En répondant à cette enquête, vous permettez à la communauté des Digital Humanities (humanités numériques) de mesurer son étendue, sa diversité, sa répartition géographique et sa répartition linguistique. Nous vous remercions de bien vouloir répondre à cette enquête afin de mieux connaître notre communauté. Ce questionnaire est une initiative du Centre pour l’édition électronique ouverte (Cléo) et d’OpenEdition. Nous vous remercions pour votre contribution!

Suivaient une dizaine de questions simples, qui se concentraient sur les questions géographiques et linguistiques. L’enquête avait principalement pour objectif de réaliser une cartographie de la communauté en humanités numériques. Ce matériau inédit nous permettra également, dans la dernière partie de ce texte, d’étudier la représentativité du groupe des experts qui ont sélectionné les papiers de DH2012 par rapport à cette communaut (Braises 2015; Berra, Dacos et Mounier 2013). Cette réflexion a été préparée dans le cadre du séminaire "Digital Humanities. Les transformations numériques du rapport aux savoirs" fondé à l’EHESS depuis plusieurs années:

L’enquête en ligne

L’enquête a été signalée sur Twitter (Levallois 2012; Priego 2012; Terras 2012b), puis relayée par de nombreux sites web francophones (Berra 2012; Idneuf 2012; Dacos 2012a; Regnard 2012) et anglophones (Dacos 2012b; Padilla 2012), mais aussi sur des listes de discussions spécialisées (par exemple, Humanist Discussion Group 2012). L’enquête ayant été émise au Luxembourg, par un groupe européen d’origine francophone, un biais géographique et linguistique est inévitable. On a pris garde de l’éditer en plusieurs langues - français, espagnol, anglais, allemand - pour qu’elle soit diffusée plus aisément. Le biais originel est structurel, car l’enquête doit bien partir d’un point du monde, et il faut donc se garder de surinterpréter les effectifs français. En revanche, je souhaite inscrire l’enquête dans la durée, c’est-à-dire la renouveler périodiquement, pour asseoir sa notoriété et sa visibilité, et permettre à ceux qui avaient négligé la première fois d’y répondre de le faire les années suivantes. Quoi qu’il en soit, l’enquête a été proposée en quatre langues, de mars à octobre 2012, soit pendant une durée de six mois, et était accessible en ligne à toute personne disposant d’un accès au réseau.

Taille de la communauté

Les premiers résultats de l’enquête concernent l’ampleur de la communauté.

Premier aperçu

La définition des DH n’était pas imposée par l’enquête. Par conséquent, nous considérons que c’est aux chercheurs et ingénieurs de la communauté de se définir comme membres de celle-ci, et d’en définir les contours.

On distingue plusieurs listes de discussion portant sur le thème des humanités numériques. La plus ancienne semble être Humanist, avec 2186 membres. C’est une liste anglophone (Humanist Discussion Group 2015). Il existe également une liste francophone appelée simplement DH (Renater 2015). Cette liste présente 581 abonnés (ces mesures datent de mai 2013). Le tableau 1 présente la liste des listes de discussions collectée en mai 2013[1] . Nous savons donc que la communauté des DH est composée de plusieurs milliers de membres dans le monde.

Europe, Amérique du Nord, Amérique Latine

Notre enquête a reçu 851 réponses, en provenance de 55 pays différents. Ce premier résultat est intéressant, car il montre une communauté très large. Cependant, de nombreux pays contribuent à hauteur d’effectifs minimes, probablement non représentatifs. Ainsi, 27 pays apportent 1, 2 ou 3 membres. La faiblesse de tels effectifs doit être considérée avec prudence. Par exemple, le Vietnam fournit un membre, mais il s’agit de Sean Takats, directeur adjoint du CHNM et directeur de Zotero, un Américain vivant provisoirement au Vietnam pour des raisons familiales. Il y a 25 pays qui contribuent avec plus de 4 membres déclarés de la communauté DH. La figure n° 1 en montre la distribution. La France domine, avec 209 membres, mais on sait que l’enquête renforce artificiellement sa visibilité. On n’en déduira donc pas qu’elle est le pays au monde qui a le plus de représentants en humanités numériques. Les États-Unis d’Amérique, pays de 313 millions d’habitants, présentent 116 membres. L’Allemagne apporte 87 contributions (rappelons que DH2012 était organisé à Hambourg et que l’enquête a été fortement mise en lumière à cette occasion). En dehors du Royaume-Uni (49), viennent ensuite des pays latins : Italie (59), Espagne (40) et Argentine (38).

Figure 1: Distribution des pays contribuant à hauteur de plus de 4 personnes

Distribution des pays contribuant à hauteur de plus de 4
                                    personnes

La figure 2 représente la répartition des lieux de résidence des personnes ayant répondu à l’enquête. La figure 3 représente la répartition des lieux de résidence par continents (pays ayant apporté plus de 4 réponses).

On y distingue clairement quatre espaces :

  • le hors-monde: le hors-monde, composé essentiellement de l’Afrique et de l’Asie, qui ne se reconnaît pas dans la bannière "DH" ou qui n’a pas eu connaissance de l’existence de l’enquête. Le hors-monde n’est donc pas un espace où aucune recherche n’est menée à l’aide de moyens numériques, ni même un espace dans lequel aucun mouvement de structuration des méthodes numériques n’est en cours. Ainsi, il existe une Japanese Association for Digital Humanities (Japanese Association for Digital Humanities 2015). Cela montre avant tout les limites de notre enquête, mais aussi l’absence d’une organisation réellement internationale, multilingue, susceptible de mobiliser toutes les communautés linguistiques, nationales, régionales ou disciplinaires appartenant à l’univers général des humanités numériques dans le monde.
  • l’Amérique latine: émerge clairement comme un monde de plus en plus inscrit dans la communauté DH, construisant ses propres outils et disposant d’effectifs clairement identifiés.
  • l’Amérique du Nord: est forte des effectifs du Canada et des Etats-Unis d’Amérique.
  • l’Europe: est la force la plus massive, ce qui est renforcé – il faut le répéter – par le fait que l’enquête a été initiée en Europe.

Figure 2: Répartition des lieux de résidence des personnes ayant répondu à l’enquête (pays ayant apporté plus de 4 réponses)

Répartition des lieux de résidence des personnes ayant
                                    répondu à l’enquête (pays ayant apporté plus de 4
                                    réponses)

Figure 3: Répartition par continent des lieux de résidence des personnes ayant répondu à l’enquête (pays ayant apporté plus de 4 réponses)

Répartition par continent des lieux de résidence des
                                    personnes ayant répondu à l’enquête (pays ayant apporté plus de
                                    4 réponses)

Figure 4: Répartition par pays (Europe)

Répartition par pays (Europe)

La figure 4 représente la répartition par pays en Europe (les données sont détaillées dans le tableau 2. On distingue clairement une communauté structurée autour des pays d’Europe de l’Ouest, l’Europe continentale étant particulièrement forte. La figure 4 et le tableau 3 présentent même les pays ayant fourni jusqu’à 4 répondants (contrairement aux autres tableaux et cartes de cette étude). On voit émerger des très petits effectifs pour plusieurs pays d’Europe centrale.

L’anglais comme seconde et non comme première langue

Les répondants ont été invités à mentionner quatre langues qu’ils maîtrisent. Une langue peut donc apparaître au maximum 850 fois, même si ces champs de langue n’étaient pas obligatoires. Le tableau 4 et la figure 5 représentent la répartition des langues déclarées, et l’écart avec la première langue déclarée. L’enquête confirme la connaissance de l’anglais par la quasi-totalité des participants, ce qui conforte son rôle de lingua franca des échanges entre digital humanists. Elle montre également que moins de 23 % des répondants maîtrisent la langue anglaise comme première langue. Par conséquent, la communauté des humanités numériques est anglophone en raison de la large diffusion de l’enseignement de l’anglais dans le monde, et non parce que les anglophones de naissance sont numériquement dominants dans cette communauté. On en tirera des recommandations majeures en conclusion.

Figure 5: Langues connues et première langue

Langues connues et première langue

Histoire, arts & lettres bien plus que contemporain et sciences du numérique

Il était difficile d’imposer des champs disciplinaires prédéfinis dans le cadre de cette enquête. Les humanités numériques étant un champ traversant a priori toutes les disciplines des arts, des lettres, des sciences humaines et des sciences sociales, nous n’avons pas proposé de liste fermée de disciplines ou de thèmes de recherche et laissé les enquêtés répondre sous forme libre. Nous avons demandé à chacun de renseigner sa discipline et sa spécialité. Nous avons simplement compté le nombre de mots présents dans les réponses (tableau 6) et représenté ces résultats sous la forme d’un Wordle (Nous avons utilisé Voyant pour une analyse exploratoire de ces données. La représentation graphique a été réalisée avec Wordle; figure 6). Si cette méthode présente d’importantes limites liées à la décontextualisation des mots de la séquence dans laquelle ils se trouvent, cette approche grossière permet un éclairage général.

Figure 6: Wordle des mots les plus utilisés dans la définition disciplinaire et la spécialité des répondants

Wordle des mots les plus utilisés dans la définition
                                disciplinaire et la spécialité des répondants

On notera que l’expression "Digital Humanities" elle-même apparaît seulement 53 fois et que les mots "Digital" et "Humanities" ne sont pas aussi dominants qu’on aurait pu s’y attendre. On en déduira que les humanités numériques ne sont pas considérées comme une discipline ni même comme une spécialité par la majorité des répondants, confirmant la proposition du Manifeste des Digital Humanities de 2010, selon lequel les DH traversent toutes les disciplines et ne constituent pas en elles-mêmes une discipline. Le Manifeste propose le terme de transdiscipline. Les deux termes "Digital" et "Humanities," auto-référentiels, sont exclus de l’analyse qui suit.

On constate une domination des disciplines historiques. Le mot "history" apparaît 483 fois et de nombreux éléments du vocabulaire historique apparaissent (67 "medieval", 32 "century", 31 "modern," 13 "palaeography"). Le deuxième mot le plus fréquent, si l’on exclu "Digital", est "literature" (96 occurrences), dont la position est renforcée par "English"(58), "Art" et "Latin"(49). Une analyse plus fine des résultats pourrait être faite par des spécialistes des questions disciplinaires, mais en première lecture, on notera la forte représentation des disciplines liées aux arts et aux lettres fortement inscrites dans les études classiques, ainsi quel’histoire de l’art, la philosophie (33), la philologie (32) et la musicologie (11). Les disciplines centrées sur l’information (63) et la communication (49) viennent seulement ensuite. Apparaissent de façon encore plus mineure les sciences de la société comme l’anthropologie (43), la sociologie (27 "sociology", 28 "social"), l’économie (12 "economic"). Enfin, une petite minorité des spécialités technologiques apparaissent en queue de peloton. La fouille de textes, les sciences du Web (11 occurrences du mot "web"), le traitement automatique de la langue apparaissent de façon très minoritaire, du moins pour l’instant. Pour résumer, on pourrait dire que les humanités numériques d’aujourd’hui sont finalement bien plus humaines que digitales, et bien plus historiques que sociales. Les humanités numériques qui se dessinent dans ce tableau semblent bien constituer un chemin des humanités vers le numérique, plus que du numérique vers les humanités. On proposera plus loin un enrichissement des disciplines HH (Humanités et Histoire) par les DC (Digitales et Contemporaines).

Une intense communication numérique

Vers une généralisation du micro-blogging?

La figure 7 s’intéresse à la pratique du micro-blogging, à travers la déclaration d’un compte Twitter par les répondants. 44% des répondants déclarent un compte Twitter, contre 56% qui n’en déclarent pas.

Figure 7: 44% des répondants déclarent un compte Twitter

44% des répondants déclarent un compte Twitter

Sur la figure 8, on constate une très forte différence de pratiques de cet outil, au sein de trois grands ensembles:

  • les pays faiblement présents: moins de 22% des répondants ont déclaré un compte Twitter;
  • les pays présents: entre 22% et 44% des répondants ont déclaré un compte Twitter;
  • les pays très présents: plus de 44% des répondants ont déclaré un compte Twitter.

C’est une nouvelle carte des humanités numériques qui se dessine. Le Canada, les États-Unis d’Amérique, le Royaume-Uni, l’Irlande, c’est-à-dire essentiellement la sphère anglophone, font partie du groupe des pays très présents. Mais on identifie également le Mexique, la Suisse et la Belgique dans celui-ci. Dans le groupe des pays présents, on identifie tout le reste de l’Europe occidentale, mais aussi l’Australie, le Chili et la Colombie. Dans le groupe des pays faiblement présents, on identifie le reste de l’Amérique latine.

Figure 8: Usage du microblogging

Usage du microblogging

Des études sociologiques plus poussées devraient être menées pour interpréter de tels résultats à l’aune de facteurs culturels, sociaux et technologiques. En particulier, l’egoréférencement (Dacos 2009) est une pratique peu légitime dans certains pays, dans lesquels l’autopromotion est souvent jugée comme incorrecte. Il ne faut pas non plus exclure l’utilisation d’autres réseaux sociaux que Twitter, Identi.ca ou Facebook par exemple, par certaines communautés, que l’enquête ne voit pas.

On pourra cependant avancer les interprétations suivantes:

  • la conversation scientifique se poursuit sur les réseaux, particulièrement en humanités numériques, pour près de la moitié des membres de la communauté des DH;
  • le décollage de la présence du Mexique, de la Belgique, de la Suisse, mais également du Chili et de la Colombie, semble mettre en évidence une dynamique qui dépasse le seul monde anglophone;
  • si cette croissance se confirme à l’avenir, le micro-blogging pourrait constituer un vecteur utile et une opportunité, pour construire un véritable espace de conversation scientifique international. Dans cette optique, on peut imaginer que l’Amérique du Sud acquerra une présence aussi intensive que le Mexique.

Une carte des sites personnels différente

La pratique du site personnel est légèrement plus intense que celle de Twitter. 48% des répondants déclarent avoir une URL personnelle (Figure 9). Il s’agit souvent d’un blog, mais cela peut également être simplement une page personnelle sur un site de centre de recherche. Il faut noter que le projet principal auquel les répondants sont attachés n’a pas toujours un site web. Seuls 40% des répondants déclarent un site web de projet.

Figure 9: 48 % des répondants déclarent une URL personnelle

48 % des répondants déclarent une URL personnelle

La figure 10 n’est pas directement superposable à celle de l’existence d’un compte Twitter. Le Mexique, qui se distinguait sur Twitter, devient très peu actif du point de vue du site personnel. Le monde anglophone est régulier dans la forte intensité de son activité de communication en ligne. Il partage cette caractéristique avec l’Allemagne, l’Italie, la Colombie, qui ont eux aussi plus de sites web personnels que la moyenne. Le Brésil est proportionnellement plus actif sur le Web que sur Twitter. Le Chili reste actif dans ce secteur, à hauteur de la France, du Mexique, de l’Espagne, de l’Australie et de l’Autriche. Le Mexique, l’Argentine et le Portugal semblent les moins actifs dans le domaine des sites personnels.

Figure 10: Pourcentage de personnes déclarant une URL personnelle

Pourcentage de personnes déclarant une URL
                                    personnelle

Ces mesures n’étant pas comparables à d’autres mesures similaires, il est pour l’instant difficile de leur donner une forte signification. Seule une étude comparative avec d’autres communautés, ou avec la même communauté dans le futur, permettra de dire si le micro-blogging et l’existence d’un site personnel sont des indicateurs permettant de mieux qualifier la communauté et ses groupes.

Géographie politique des humanités numériques : Quand la carte des experts dessine la carte de l’Angleterre puis de l’anglophonie

La sélection des contributions à DH2012 a été réalisée par 342 experts (dont j’ai fait partie). La liste de ces experts ayant été rendue publique (Sinclair and Rockwell 2015), il est possible de croiser les données de DH2012 avec notre enquête. C’est Frédéric Clavert, co-organisateur de THATCamp Luxembourg, qui a eu la gentillesse de compléter le tableau initial en cherchant à identifier l’origine géographique des reviewers. Il a utilisé ces résultats dans un billet intitulé The Digital Humanities multicultural revolution did not happen yet (Clavert 2013) en proposant une cartographie montant que les États-Unis et le Royaume-Uni fournissaient en chiffres absolus le plus fort contingent de reviewers. Il a pu localiser géographiquement 232 experts, soit 67,8 % des membres. Nous rendons publics ses résultats, dans l’espoir d’un enrichissement de ces données par d’autres chercheurs, qui permettront de publier une deuxième édition de cette étude à l’aide de données plus riches et plus précises. En l’état, cependant, l’identification géographique des experts nous paraît suffisante pour tirer les premiers enseignements de l’enquête. Nous avons pris le parti de ne pas étudier l’origine géographique des auteurs des contributions acceptées, car il aurait fallu disposer d’informations plus complètes sur la liste des soumissions. Par ailleurs, les données sur les candidatures sont soumises à un biais géographique très fort, puisqu’on ne propose pas un papier pour une conférence à laquelle il est trop coûteux ou trop compliqué de se rendre. Ce biais n’existe pas, du moins en théorie, pour définir le groupe des experts qui vont sélectionner les contributions, car ils sont consultés par courrier électronique et n’ont pas à se déplacer.

Un événement européo-américain dominé par l’Angleterre et les ÉU

La figure 11 et la figure 12 montrent la répartition géographique des experts qui ont été sollicités. On voit clairement qu’il s’agit d’un événement américano-européen et pas d’un événement mondial.

Figure 11: Répartition géographique des experts sollicités pour DH 2012 (Monde)

Répartition géographique des experts sollicités pour DH
                                    2012 (Monde)

Figure 12: Nombre d’experts par pays pour DH 2012.

Nombre d’experts par pays pour DH 2012.

La figure 13 précise la localisation des experts sur le continent européen, celui qui contribue le plus fortement à l’effort d’expertise pour DH2012.

Figure 13: Répartition géographique des experts sollicités pour DH 2012 (Europe)

Répartition géographique des experts sollicités pour DH
                                    2012 (Europe)

On distingue très clairement la force du Royaume-Uni, qui parvient à fournir plus de deux fois plus d’experts que le pays organisateur, l’Allemagne. En dehors des Pays-Bas et de la France, les autres pays ne disposent que d’une présence symbolique. C’est le cas pour l’Espagne, mais aussi pour l’Italie.

Le DH Decision Power (DHDP)

En croisant le nombre de personnes ayant répondu à l’enquête et le nombre d’experts ayant été géographiquement identifiés, on obtient un ratio très significatif, que j’appelle le Digital Humanities Decision Power. Le DHDP est ainsi calculé: nombre d’experts / nombre de membres de la communauté, soit E / M, où E est le nombre d’experts identifiés pour DH2012 et M le nombre de personnes de l’enquête "Who are you Digital Humanists?" de 2012. Le DHDP permet de mesurer la représentativité du panel d’experts de DH2012 par rapport à la communauté identifiée par l’enquête. On identifie cinq classes de pays (Figure 14 et Tableau 6):

  • les pays pour lesquels nous n’avons pas assez de données (entre 0 et 4 réponses dans l’enquête), ce que j’appelle le "hors-monde";
  • les pays dont le DHDP est égal à zéro, ce qui signifie qu’ils ne placent aucun expert à DH2012:  il s’agit de toute l’Amérique latine (à l’exception du Mexique) et du Portugal;
  • les pays dont le DHDP est supérieur à zéro et inférieur à 49 %. Ces pays placent moins d’un membre sur deux dans les panels d’experts:  il s’agit du Mexique et de l’Europe occidentale (sauf le Portugal);
  • les pays dont le DHDP est supérieur à 49% et inférieur à 75%. Ces pays placent plus d’un membre sur deux dans le panel d’experts:  il s’agit des États-Unis d’Amérique et du Canada;
  • les pays dont le DHDP est supérieur à 75%. Ces pays placent plus de ¾ de leurs membres identifiés par l’enquête "Who are you?" dans le panel d’experts. Il s’agit de l’Irlande (75%) et du Royaume-Uni (100%). Le Royaume-Uni réussit donc la performance de participer fortement à l’enquête (49 participants) et de placer le même nombre de personnes dans le panel d’experts.

Figure 14: Le DH Decision Power en 2012

Le DH Decision Power en 2012

Conclusions et propositions

Cette enquête a montré l’extension et la diversité de la communauté des humanités numériques. Pour mieux comprendre son fonctionnement et identifier les leviers qui pourraient mener à une communauté plus ouverte, collectivement plus intelligente et plus ouverte à la diversité, nous avons pris le parti d’explorer un événement annuel marquant en DH, les rencontres DH qui ont eu lieu en 2012 à Hambourg, et de comparer le panel d’experts ayant choisi les contributions à la géographie des DH qui ressortait de l’enquête "Who are you?". Ces résultats convergent avec l’étude de Domenico Fiormonte sur la sur-représentation des leaders des organisations qui structurent le champ des DH (Fiormonte 2012). Tout se passe comme si on mettait dans une salle des Anglais et des Américains, et qu’on ajoutait autour d’eux des pincées de représentants des autres pays. C’est d’autant plus paradoxal que la rencontre de Hambourg avait pour thème "Digital Diversity: Cultures, Languages and Methods." Ce souhait de l’ADHO de travailler sur le problème de la diversité est important. C’était d’ailleurs le sens de l’invitation de Claude Moulin comme principal conférencier (keynote speaker), ce qui lui a permis de donner une forte visibilité à notre enquête. C’est également le sens de la création du groupe Global Outlook DH (Global Outlook::Digital Humanities 2014) au sein de l’ADHO. Si la situation ne paraît pas satisfaisante, au registre de la diversité linguistique et géographique, des efforts sont entrepris, et cette étude a pour objectif de conforter cette orientation.

Nous ne pensons pas que la domination UK-US du domaine soit le résultat d’une compétition équilibrée et d’une supériorité conceptuelle et méthodologique de Londres et de New-York. Il s’agit plutôt du prolongement d’un phénomène global issu de la deuxième guerre mondiale et de l’informatisation, passant par des paradigmes et des mécanismes nativement anglo-américains (notez que nous n’utilisons pas le terme "anglo-saxon," à la fois ambigu et contestable), comme l’illustre, par exemple la difficulté de nos environnements à dépasser l’obstacle réducteur de l’ASCII, et ce, malgré UNICODE (Fiormonte 2012; Net.Lang 2015).

La langue anglaise, notre pire amie ou notre meilleure ennemie?

On aurait pu enrichir l’analyse géographique en croisant les données de l’enquête avec les données générales caractérisant les pays, notamment le PIB, le nombre de diplômés, les budgets de l’enseignement supérieur et de la recherche, la langue nationale, mais aussi les langues largement maîtrisées par la population. On trouverait probablement la confirmation que les pays riches et investissant beaucoup dans la recherche sont plus présents que les pays pauvres qui ont moins de moyens à investir dans la recherche. Ces éléments de géographie universitaire mondiale ne sont pas spécifiques aux humanités numériques. À ce titre, c’est moins la relative faiblesse de l’Europe continentale qui doit frapper, que celle de l’Amérique du Sud, et, pire, l’absence du continent africain ainsi que la très faible présence asiatique. Cela est dû à des phénomènes liés à la distance géographique, mais aussi à la richesse et à la structuration du paysage universitaire dans les pays les plus développés. À cela s’ajoute un obstacle supplémentaire, qui est celui sur lequel nous pouvons plus facilement agir: la langue.

L’anglais comme plafond de verre

En effet, la maîtrise de la langue anglaise fonctionne comme un plafond de verre. Si nous adoptions une métaphore sportive, nous pourrions dire que l’Europe continentale, l’Amérique du Sud, l’Asie et l’Afrique jouent en permanence à l’extérieur, alors que le monde anglo-américain joue à domicile, même à 10000 km de ses bases… Dans les négociations diplomatiques entre la Finlande et la Russie, les diplomates avaient pris l’habitude d’utiliser l’avantage de "jouer" à domicile pour imposer des règles culturelles leur donnant un avantage. Les Russes imposant le partage de bouteilles de Vodka au cours de négociations, étant certains de leur supériorité dans la résistance à cet alcool national, et les Finlandais poussant à des négociations à l’intérieur de saunas, pratique correspondant à un usage familial profondément ancré et leur donnant un avantage certain. Nous proposons donc, non sans esprit de provocation, que nos collègues anglophones rédigent leurs propositions de papiers dans un sauna à 80°C pour compenser leur avantage linguistique… On peut, en effet, se demander s’il faut favoriser les plus exclus du système, ou s’il faut handicaper ceux qui le dominent sans partage, comme on le fait dans les courses hippiques. Ce principe du handicap (Contributeurs de Wikipédia 2014) est-il transposable, du sport hippique à la compétition scientifique en humanités numériques? Pourquoi pas. Mais il faudrait déterminer comment marquer ce handicap sans être contre-productifs, c’est-à-dire sans altérer de façon stupide le processus scientifique. À l’inverse, on peut imaginer des dispositifs s’appuyant sur la discrimination positive, les quotas de contributions, l’interdiction de cumul des mandats, le soutien financier aux déplacements pour les pays et les laboratoires les moins bien dotés, le travail collectif pour mettre au point une bourse des traductions collaboratives, afin de faire progresser le niveau d’anglais des propositions avant leur évaluation, etc. Ce rapport souhaite ouvrir le débat sur la base d’informations cartographiques structurées, et non donner des réponses définitives. Nous proposons cependant quelques lignes de force.

De l’anglais au globish

Allons jusqu’au bout du raisonnement. La communauté des humanités numériques est anglophone en raison de la large diffusion de l’enseignement de l’anglais dans le monde, et non parce que les anglophones de naissance sont numériquement dominants dans cette communauté. Acceptons donc l’anglais comme seconde langue. En tant que seconde langue, il sera le Globish, et non l’English. Ce globlish, mécaniquement plus rustique et rudimentaire que l’anglais d’Angleterre, sera un véhicule de communication entre égaux.

Fonder une étiquette globish

Ceux qui maîtriseront mieux cette langue prendront garde à ne pas parsemer leurs interventions orales d’allusions complexes ou de traits d’humour nécessitant une fine compréhension de la langue. Ils s’excuseront d’être nativement anglophones, alors que c’est actuellement le non nativement anglophone qui s’excuse, en introduction de son intervention, de l’imperfection de son anglais. L’ensemble de la communauté adoptera un code de courtoisie, une étiquette globish, dans laquelle l’ensemble des participants s’obligeront à s’exprimer lentement et clairement, sans mâcher leurs mots. Si nécessaire, ils prendront des cours de diction. Pour introduire une interaction avec une audience globish, les organisateurs choisiront des salles dont l’acoustique est bonne, au détriment de salles peut-être parfois plus prestigieuses mais à l’acoustique désastreuse. Ils distribueront un carton blanc à chaque auditeur, qui pourra être levé quand l’orateur s’égare et oublie qu’il parle à une audience globish, afin de l’inviter à revenir en arrière, à ar-ti-cu-ler, à reformuler, si besoin est. Ils mettront en place un système de parrainage dans lequel des anglophones natifs aideront les proposants à améliorer la qualité de leur anglais. Les anglo-américains sont en général beaucoup trop polis pour nous aider à corriger notre anglais, lors d’échanges par email ou oralement. Dès lors, nous ne pouvons pas progresser, ne sachant même pas si ce que nous disons est compris. Nous proposons donc une modification de cette pratique, en intégrant à l’étiquette globish une intervention forte et régulière des anglophones à destination des globophones, pour les aider à améliorer leur anglais.

Construire une confiance globophone

L’anglais est un instrument pratique et indispensable, auquel nous devons former plus fortement nos étudiants, à l’oral comme à l’écrit. Nous devons inciter nos étudiants à se jeter dans le bain de l’échange international, dans le meilleur anglais possible, en leur apportant un accompagnement de qualité, sur la longue durée. Au-delà de la maîtrise technique, c’est de confiance en soi, de confiance globish, que nous devons doter notre communauté. Sinon, comment expliquer que nous ayons si peu de candidats globophones dans les élections de nos organisations? C’est bien d’une refondation globale du rapport à l’autre qu’il s’agit.

Annexes

Tableau 1: Les listes de discussion identifiées en Humanités numériques

Name of the discussion list Main language Object # of subscribers (2013) URL
Humanist EN Humanist is an international electronic seminar on humanities computing and the digital humanities 2186 http://dhhumanist.org/
TEI-L EN TEI (Text Encoding Initiative) public discussion list 1043 http://listserv.brown.edu/archives/cgi-bin/wa?A0=TEI-L
Digital Medievalist EN <dm-l> is the Digital Medievalist electronic mailing list. Members use the list to ask for advice, discuss problems, and share information. 700 http://www.digitalmedievalist.org/mailing/
DH FR Liste francophone de discussion autour des Digital humanities 584 https://groupes.renater.fr/sympa/info/dh
Digital Classicist EN A list for discussion of issues relating to the study of the ancient world (at all levels) in collaboration with digital humanities, computer science, and other quantitative disciplines. 480 https://www.jiscmail.ac.uk/cgi-bin/webadmin?A0=DIGITALCLASSICIST
LITOR FR LITOR (littérature et informatique) 435 http://sympa.univ-paris3.fr/wws/info/litor?checked_cas=0
Antiquiest EN An online community of people working with computing in the heritage sector. 363  https://groups.google.com/forum/?fromgroups#!forum/antiquist
Perseus Project EN The Perseus Project is an evolving, on-line digital library of resources for the study of the ancient world and beyond. 328
CSDH-SCHN EN-FR 306 http://csdh-schn.org/
Redhd ES Red de Humanidades Digitales 230
MARKUP-LIST,  EN Discussion of text markup issues 221 http://www.lsoft.com/scripts/wl.exe?SL1=MARKUP&H=LSV.UKY.EDU
TEI-FR FR Animation du réseau TEI francophone. 212
Boston DH EN List for communications related to Boston-area DH consortial activities 193 https://lists.brandeis.edu/wws/info/bostondh
Tustep-Liste DE Diskussionsforum zum Tübinger System von Textverarbeitungsprogrammen 172 https://lists.uni-wuerzburg.de/mailman/listinfo/tustep-liste
Ontologie et patrimoine,  FR réflexions collaboratives sur les représentations numériques de modèles conceptuels propres au patrimoine culturel, réflexions en particulier dynamisées par la communauté des musées 138 https://listes.services.cnrs.fr/wws/info/ontologie-patrimoine
AIUCD-L IT Lista dell’Associazione di Informatica Umanistica e Cultura Digitale 118
Global Outlook DH EN A list for participants in the ADHO DH Global Outlook Community ? http://listserv.uleth.ca/mailman/listinfo/globaloutlookdh-l

Tableau 2: Répartition des lieux de résidence des personnes ayant répondu à l’enquête (pays ayant apporté plus de 4 réponses)

Country of residence TOTAL
France 184
Germany 86
Italy 67
Spain 38
UK 34
Netherlands 18
Belgium 16
Switzerland 13
Ireland 7
Austria 6
Portugal 6
Hungary 5
Poland 3
Romania 3
Greece 2
Luxembourg 2
Serbia 2
Slovenia 2
Bulgaria 1
Denmark 1
Finland 1
Moldova 1
Norway 1
Sweden 1

Tableau 3: Effectif des pays de plus de 4 membres

Pays Nombre
Peru 5
Portugal 5
Austria 7
Chile 8
Colombia 8
Ireland 8
Australia 13
Belgium 15
Mexico 20
Brasil 23
Netherlands 23
Switzerland 26
Canada 36
Argentina 38
Spain 40
UK 49
Italy 59
Germany 87
USA 116
France 209

Tableau 4: Répartition des langues déclarées.

Language Number of people knowing this language Number of people using it as first language
English 780 187
French 577 238
Spanish 319 149
German 273 93
Italian 193 69
Portuguese 70 28
Latin 52 0
Dutch 44 23
Russian 19 1
Greek 18 1
Arabic 12 1
Chinese 10 0
Hebrew 7 2
Swedish 7 0
Polish 6 2
Irish 6 0

Tableau 5: Continents de résidences des répondants (pays de plus de 4 membres)

Continents Nombre
Africa 0
Asia 13
Latin America 102
North America 152
Europe 528

Tableau 6: Nombre de mots présents dans les réponses aux question sur la discipline et la spécialité

Word Count
history 483
digital 126
literature 96
humanities 68
medieval 67
information 63
english 58
art 49
communication 49
latin 49
linguistics 45
 anthropology 43
century 32
philosophy 32
publishing 32
sciences 32
american 31
 modern 31
philology 31
cultural 29
social 28
library 27
sociology 27
america 26
computer 26
early 25
media 25
political 25
language 21
contemporary 20
literary 19
archaeology 17
computational 16
technology 16
culture 15
 french 15
19th 14
analysis 14
middle 14
management 13
palaeography 13
classics 12
economic 12
education 12
libraries 12
new 12
research 12
ages 11
musicology 11
web 11

Tableau 7: Le DH Decision Power en 2012

Country of residence DH Decision power
Argentina 0 %
Brasil 0 %
Chile 0 %
Colombia 0 %
Peru 0 %
Portugal 0 %
Switzerland 4 %
France 5 %
Mexico 5 %
Italy 7 %
Spain 8 %
Austria 14 %
Belgium 20 %
Germany 26 %
Netherlands 39 %
Australia 46 %
Canada 50 %
ÉU 61 %
Ireland 75 %
UK 100 %

Tableau 8: Nombre d’experts par pays pour DH 2012.

NAME Number of reviewers
Luxembourg 1
Mexico 1
New Zealand 1
Russia 1
Serbia 1
Switzerland 1
Latvia 1
Hungary 1
Austria 1
Denmark 1
Greece 1
Belgium 3
Spain 3
Poland 3
Finland 4
Italy 4
Japan 4
Norway 4
Australia 6
Ireland 6
Netherlands 9
France 11
Canada 18
Germany 23
United Kingdom 49
USA 71

Tableau 9: DH Decision power details (country with more than 4 answers).

Country of residence Number of members of the DH Community Reviewers DH 2012 DH Decision power Class
Argentina 38 0 0% 0 – Zero
Australia 13 6 46% 2 – 0,5 to 0,74
Austria 7 1 14% 1 – Less than 0,49
Belgium 15 3 20% 1 – Less than 0,49
Brasil 23 0 0% 0 – Zero
Canada 36 18 50% 2 – 0,5 to 0,74
Chile 8 0 0% 0 – Zero
Colombia 9 0 0% 0 – Zero
France 209 11 5% 1 – Less than 0,49
Germany 87 23 26% 1 – Less than 0,49
Ireland 8 6 75% 3 – More than 0,75
Italy 59 4 7% 1 – Less than 0,49
Mexico 20 1 5% 1 – Less than 0,49
Netherlands 23 9 39% 1 – Less than 0,49
Peru 5 0 0% 0 – Zero
Portugal 5 0 0% 0 – Zero
Spain 40 3 8% 1 – Less than 0,49
Switzerland 26 1 4% 1 – Less than 0,49
UK 49 49 100% 3 – More than 0,75
USA 116 71 61% 2 – 0,5 to 0,74

Notes

Merci à tous ceux qui nous ont signalé des listes : Miran Hladnik, Laurent Romary, Michel Bernard, Marion Lamé, Claire Clivaz, Constance Krebs, Léon Robichaud, Anne-Violaine Szabados, Kiyonori Nagasaki, Sara Sikes, Isabel Galina, Paolo Monella, Daniel Paul O’Donnell, Alex Gil, Peter Stahl.

Liste de références / Works Cited

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Marin Dacos

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