Introduction
L’édition critique, qui vise à établir un texte à partir de divers manuscrits et à l’accompagner d’un apparat critique, est une pratique bien établie s’appliquant aussi bien aux œuvres littéraires qu’aux archives historiques. En menant ce travail éditorial, le chercheur souhaite mettre à la disposition des lecteurs contemporains un texte qui, sans son intervention, resterait largement soustrait à leur connaissance. C’est son travail de philologue et le soin qu’il porte à lever les points d’ombre et les ambiguïtés du texte qui permet alors au lecteur de se l’approprier et de s’en servir, par exemple, pour réaliser ses propres travaux de recherche.
Les méthodes peuvent varier en fonction des traditions culturelles et en fonction du type de texte édité mais, en ce qui concerne l’édition des textes antiques et médiévaux, elles se subdivisent généralement en deux courants. L’un appelle l’éditeur à intervenir dans le texte aussi souvent que nécessaire afin d’en corriger les fautes ; l’autre au contraire encourage l’éditeur à rester au plus près du manuscrit de base qu’il a sélectionné pour réaliser son édition (Bourgain et Vielliard 2002). Ces deux courants ont été portés au XIXe siècle par les écoles philologiques allemande et française, autour des figures de Karl Lachmann et de Joseph Bédier. La critique textuelle du XXe siècle et les tenants de la nouvelle philologie ont ensuite incité les éditeurs à chercher une voie intermédiaire entre les deux courants initiaux.
Quels que soient les fondements théoriques sur lesquels s’appuient les éditeurs en matière de critique textuelle et quelles que soient les écoles philologiques auxquelles ils se rattachent, ils sont toutefois tenus de respecter les étapes classiques de l’établissement du texte (Maas 1957) : recension des manuscrits (recensio), examen des variantes et classement des manuscrits (examinatio), établissement du texte final (emendatio).
Mais depuis le développement de l’informatique, l’édition critique connaît un renouvellement important. À présent, les éditeurs ont le choix de mener leur travail de manière traditionnelle et de publier leur édition sur papier, ou bien de développer des éditions numériques1 qu’ils diffusent sur le web. Le passage de l’édition critique traditionnelle à l’édition numérique induit, bien sûr, en premier lieu, un changement de technique et de support. Cependant, il importe d’observer, au-delà des innovations techniques, ce que l’édition numérique apporte en termes de méthodologie et de conceptualisation de l’édition.
La question qui nous intéresse ici est celle du positionnement de l’éditeur. Un éditeur traditionnel, qui publie son travail sur papier, donne accès à un produit fini qui constitue un document-source pour le lecteur. Face à ce paradigme traditionnel, il faut se demander quelle est le positionnement de l’éditeur numérique. Quelles fonctions ce dernier attribue-t-il à son édition critique numérique ?
Nous allons revenir tout d’abord très rapidement sur l’édition critique traditionnelle pour en déterminer la fonction et nous étudierons ensuite quelles sont les spécificités de l’édition numérique par rapport à cette fonction traditionnelle.
La fonction de l’édition critique traditionnelle
Pour établir son texte, le philologue accomplit un ensemble d’étapes philologiques brièvement évoquées en introduction : recensement des manuscrits témoins, analyse des lieux variants et classement des manuscrits2. Ce travail de classement requiert un examen soigneux des variantes et aboutit généralement au développement d’un stemma : il s’agit d’une représentation figurée, sous la forme d’un arbre généalogique, des liens de parenté et de filiation entre les différents manuscrits témoins.
Vient ensuite l’établissement du texte final, qui constitue le cœur du travail critique : « l’établissement du texte (emendatio) est le choix, à chaque mot, de la version définitive » (Bourgain et Vielliard 2002, 60). Pour établir le texte et en constituer l’apparat critique3, l’éditeur se sert du stemma élaboré à l’étape précédente. Deux manières de procéder s’offrent à lui. Il peut sélectionner, parmi tous les manuscrits témoins, celui qui lui semble le plus proche de l’original ou bien le plus intéressant et qui devient alors le manuscrit de base de son édition critique. Ce choix se fait d’après le stemma précédemment constitué. Pour établir son texte, l’éditeur suit alors le plus souvent possible les leçons4 contenues dans ce manuscrit de base. Cependant, si ce dernier contient des leçons manifestement fausses, l’éditeur les rejette et choisit, à la place, les leçons d’autres manuscrits.
Il peut aussi procéder autrement : pour chaque lieu variant du texte, il examine alors le stemma et choisit la leçon qui lui semble la plus authentique parmi tous les manuscrits témoins. Si cette leçon lui semble encore perfectible, il peut l’amender. L’éditeur tente ainsi de reconstituer le texte original.
Effacement de l’éditeur et accès à la source
Dans l’édition critique telle qu’on la reçoit traditionnellement lorsqu’elle est publiée en livre, ces étapes philologiques disparaissent derrière le résultat final du travail de l’éditeur. Pour le philologue, l’objectif consiste à présenter un texte qui, grâce à son travail critique, devient immédiatement accessible aux lecteurs. C’est donc à une source – littéraire ou historique – qu’il donne accès.
Ainsi, lorsqu’un chercheur consulte une édition critique, de son point de vue de lecteur, il perçoit le texte édité non pas comme l’édition de tel ou tel philologue mais bien comme le texte-source. C’est ainsi qu’il reçoit l’édition critique et qu’il se l’approprie, et c’est pour cet usage que le philologue la conçoit. Par exemple, lorsque Lucien Febvre consacre l’une de ses études historiques à Marguerite de Navarre, il étaye ses propos par des citations de l’Heptaméron. Il extrait ces citations non pas directement des manuscrits qu’il serait allé lui-même consulter en bibliothèque, mais des éditions critiques des œuvres de Marguerite qui ont déjà été réalisées et dont il donne les références en bibliographie (Febvre 1944). C’est bien ce à quoi sert la philologie : elle fournit aux lecteurs un texte en leur évitant d’avoir à compléter eux-mêmes le travail critique d’établissement du texte.
Ce travail proprement critique de préparation de l’édition s’estompe donc derrière le texte établi. Cela est d’ailleurs manifeste dans la manière-même qu’a le philologue de présenter son édition critique et dans la structuration de l’information propre aux éditions critiques papier. Prenons l’exemple d’une édition critique traditionnelle pour illustrer nos propos. Il s’agit de l’édition du Devisement du monde, texte qui retrace les voyages et les aventures de Marco Polo (Figure 1). L’édition critique de ce texte a été réalisée sous la direction de Philippe Ménard. Dans l’illustration, nous avons disposé, côte à côte, deux pages de l’édition critique (Ménard, et al. 2003, tome II) : à gauche, une page de l’édition critique proprement dite, et à droite, la page de notes correspondante disposée à la suite du texte édité.
Le texte édité constitue le cœur de l’ouvrage. En notes de bas de page, l’apparat philologique présente les variantes des manuscrits témoins et les notes critiques rédigées par les éditeurs viennent à la suite du texte établi. Bien entendu, le travail philologique transparaît dans les propos introductifs, dans les notes de bas de page ainsi que dans les notes analytiques disposées à la suite du texte. C’est là que le philologue expose son cheminement intellectuel et critique. Mais tout ceci constitue le paratexte, disposé en périphérie de l’œuvre éditée.
Il existe bien entendu plusieurs types de lecteurs, et parmi eux, le lecteur philologue circule dans l’ensemble du document, tenant compte de tous les éléments critiques et philologiques. Mais généralement, le lecteur courant et le chercheur qui vient d’une autre discipline se concentrent avant tout sur le texte établi.
Les spécificités de l’édition critique numérique
L’édition critique, sous sa forme traditionnelle, met donc en avant le texte établi. L’éditeur scientifique s’efface afin de mettre en lumière le texte-source présenté dans sa forme la plus aboutie possible. Mais qu’en est-il lorsque l’on passe à l’édition numérique ? L’éditeur considère-t-il toujours le texte édité comme le document source et comme le cœur de son travail ou bien procède-t-il autrement ?
Nous allons voir que le medium numérique et les outils associés permettent à l’éditeur de se situer dans une toute autre perspective. Nous avons observé un corpus d’éditions critiques numériques dont le repérage a été facilité par le répertoire tenu par Patrick Sahle (2019). Pour tout type de texte (littérature, histoire, philosophie, musique), toute langue (latin, anglais, français, allemand, italien) et toute époque confondus (antiquité, moyen âge, époque moderne, époque contemporaine), ce chercheur dénombre plus de 400 éditions numériques. Pour mener notre étude et illustrer nos propos, nous en avons choisi une quinzaine5. Bien entendu, les éditions numériques sont diverses et se présentent sous différentes formes, en fonction des objectifs poursuivis par les éditeurs, des types de textes édités ainsi qu’en fonction des moyens techniques dont disposent les équipes de recherche en charge de la réalisation de ces éditions.
Cependant, on observe des tendances générales dans la manière qu’ont les éditeurs numériques de concevoir leurs éditions:
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L’édition critique numérique implique, dès le début de son développement, une réelle prise en compte du lecteur.
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Elle permet la publication d’informations de types très divers et donne ainsi accès au laboratoire du philologue.
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Elle est conçue comme une édition ouverte.
L’édition numérique et la prise en compte du lecteur
Les étapes philologiques propres à l’élaboration d’une édition critique traditionnelle demeurent tout aussi valables et nécessaires dans l’édition numérique. En effet, la méthode d’établissement du texte n’est pas modifiée de manière profonde, même si de nouveaux outils techniques peuvent faciliter le travail de l’éditeur au cours de la préparation de l’édition (Vanhoutte 2010).
Lorsque l’on passe à l’édition numérique, l’une des différences majeures est la prise en considération du lecteur – de ses attentes, de ses besoins, de la diversité de ses profils – dans le processus-même du travail philologique. Il est certain qu’en entreprenant une édition critique, tout philologue songe aux lecteurs potentiels du texte, puisque son travail a vocation à être diffusé et utilisé à des fins de recherche scientifique. Cependant, la spécificité de conception des éditions numériques oblige les éditeurs à s’interroger, tout au long du processus d’édition, sur les informations qu’ils vont fournir, ainsi que sur la manière dont ils les présenteront.
En effet, le mode de structuration de l’information propre aux éditions numériques impose aux éditeurs de concevoir des schémas de codage et de modéliser ainsi la structure que vont suivre les données présentées. Cette modélisation s’élabore en trois temps : modélisation conceptuelle, modélisation logique et modélisation physique (Flanders et Jannidis 2016, 230). Elle précise les choix de codage, influant donc sur la conceptualisation finale de l’édition numérique et sur les informations qu’il est possible de montrer aux lecteurs. Avant même de s’engager dans la réalisation technique de l’édition, les éditeurs numériques doivent donc déterminer quels types d’informations ils souhaitent consigner et quels usages – de lecture, de recherche et de manipulation – ils en prévoient.
Dès lors, la question du public de l’édition critique numérique et de ses attentes se pose aux éditeurs de manière prégnante. Le philologue détermine dès le début de son travail les lectorats auxquels il veut adresser son édition critique numérique. Il peut s’agir d’un lectorat fait uniquement de spécialistes, d’un lectorat scolaire, ou encore d’un lectorat plus ouvert. L’éditeur s’interroge ensuite, nécessairement, à chacune des étapes de l’établissement du texte, sur la manière dont il pourrait documenter son travail et sur les outils qu’il pourrait développer pour en faciliter l’accès et la compréhension au lecteur, en fonction du public auquel il s’adresse.
Ergonomie et utilisabilité
Pour préparer au mieux la réception de leurs éditions, les équipes qui développent des éditions critiques numériques se préoccupent autant des questions de philologie que des questions d’ergonomie et d’utilisabilité de l’édition. Johanna Drucker insiste sur l’importance que revêt la transmission du contenu scientifique et l’attention qu’il faut porter aux questions de knowledge design (Drucker 2016, 243) : c’est un défi majeur dans les projets en Humanités numériques que de parvenir à restituer ce contenu sous une forme adaptée et signifiante. L’éditeur numérique conscient de ces enjeux s’emploie à tirer le meilleur parti des possibilités offertes par le support numérique pour développer des outils de recherche et de navigation dans le corpus, ainsi que pour proposer aux lecteurs des parcours de lecture au sein de l’édition.
Pour faciliter le repérage dans l’édition, l’un des outils les plus aisés à mettre en place est, bien entendu, le moteur de recherche. La très grande majorité des éditions numériques en comporte. Certains éditeurs font le choix d’un moteur permettant d’effectuer des recherches simples. D’autres éditeurs préfèrent proposer d’emblée des requêtes avancées, combinant plusieurs filtres, comme le fait Jerome McGann pour son édition consacrée à l’œuvre de Dante Rossetti.
Les parcours de lecture constituent également un mode de navigation adapté aux corpus de tailles importantes, car ils permettent aux lecteurs d’avoir d’emblée une vision à la fois globale et transversale des corpus édités. Si les parcours thématiques semblent constituer une approche immédiate des corpus, que les lecteurs peuvent facilement appréhender, il est tout à fait possible d’imaginer l’élaboration d’autres types de parcours de navigation. Dans son article « Marking Texts of Many Dimensions » (2016), Jerome McGann dresse une typologie des formes discursives que l’on retrouve dans les textes. Il distingue six dimensions applicables à tout texte : linguistique, graphique, documentaire, sémiotique, rhétorique et sociale (373–6). Ces six dimensions pourraient être encodées de manière spécifique dans les éditions critiques numériques et constituer ensuite des parcours de lecture dans la documentation. En fonction de leurs intérêts propres, les lecteurs pourraient alors s’engager dans l’un de ces parcours et découvrir la documentation éditée sous l’angle particulier choisi. L’encodage des formes discursives est d’ailleurs expérimenté par certains éditeurs, à l’exemple des éditions de l’École des chartes qui ont encodé la structure rhétorique du discours diplomatique dans le Formulaire d’Odart Morchesne (Guyotjeannin et Lusignan 2005).
Lorsque les corpus sont complexes, les éditeurs peuvent développer des modes spécifiques de visualisation des données. Les éditeurs des Rôles gascons (Curry et Boutoulle 2014) ont particulièrement travaillé ces aspects de knowledge design, en proposant une représentation graphique de certaines informations contenues dans la documentation. Les Rôles gascons sont constitués de rouleaux de parchemin portant copie des ordres royaux émis par la chancellerie anglaise, entre les années 1317 et 1468, pour régler les affaires concernant le duché de Gascogne. Étant constitué d’actes de la pratique, d’administration et de gestion, ce fonds documentaire fait référence à un très grand nombre de personnes. Pour chaque rouleau, les éditeurs numériques ont ainsi développé un mode de visualisation des personnes citées : chaque personne mentionnée dans les actes d’un rouleau est représentée par un cercle, dont le diamètre varie en fonction du nombre d’occurrences du nom de cette personne dans les actes royaux du rouleau en question. Ainsi, le lecteur visualise immédiatement le nombre de personnes mentionnées, leur identité et la fréquence de leur occurrence (Figure 2).
Une représentation de l’information modulable
La mise en place de ces outils de navigation permet d’accéder de manière aisée à la multiplicité des données présentées. Mais au-delà de l’élaboration de ces outils de recherche et de navigation, les chercheurs travaillent à adapter la représentation de l’information au type de texte qu’ils éditent. Sur format papier, l’éditeur est contraint de présenter la documentation produite selon les canons imposés par le format du livre. Aussi, le repérage de l’information se fait uniquement de manière textuelle : la structuration du texte en chapitres, accompagné de sommaires et tables des matières, offre des repères essentiels au lecteur, et les index – de noms propres et de mots matière – lui permettent de parvenir rapidement à l’information recherchée.
Sur écran, ce repérage peut se réaliser autrement : les outils informatiques renouvellent l’accès à l’information dont ils multiplient et diversifient les modes d’exploration. Ainsi, les modes de navigation peuvent être ajustés aux corpus édités et le repérage des informations peut devenir, par exemple, spatial ou temporel.
Reprenons l’exemple de l’édition des Rôles gascons (Curry et Boutoulle 2014). Pour se repérer dans le corpus, les éditeurs proposent une carte interactive comme outil de navigation (Figure 3). Le lecteur peut ainsi visualiser le royaume de France et le duché de Gascogne et repérer les lieux dont il est question dans les actes royaux. Il sélectionne alors les rouleaux à consulter en fonction des territoires qui l’intéressent.
Un autre exemple présente un repérage temporel de l’information. Il s’agit de l’édition numérique du journal intime de William Godwin (Myers, O’Shaughnessy, et Philp 2010), philosophe britannique ayant vécu entre le XVIIIe et le XIXe siècle. Les éditeurs proposent de naviguer dans le journal intime de l’intellectuel au moyen d’un calendrier hypertextuel (Figure 4).
Le medium numérique permet donc d’adapter la représentation de l’information aux particularités du corpus édité. Cela constitue un premier niveau d’adaptabilité propre aux outils numériques.
La modularité de l’information peut se retrouver à un second niveau : il s’agit alors de l’adapter en fonction de l’usage anticipé par le lectorat visé. Le langage XML/TEI, utilisé pour encoder les éditions critiques, dissocie la structuration de l’information du mode de présentation qui lui est associé sur le support de consultation numérique. A partir d’un document XML, l’éditeur peut donc afficher la ressource de manières très diverses, en fonction du public cible. De même, il est possible, pour un même segment de texte, d’encoder des informations très diverses et de les faire voir ensuite au lecteur de manière indépendante.
Le travail mené par certains éditeurs sur les apparats critiques est à cet égard significatif. L’apparat est généralement constitué de diverses sections – notes philologiques, notes critiques et notes d’identification des sources. Il n’est pas rare que les éditeurs numériques dissocient la présentation de chacune de ces sections et permettent au lecteur d’afficher à sa guise les informations qui l’intéressent. Le lecteur grand public consultera avant tout les notes critiques lui fournissant des explications d’ordre historique et littéraire, alors que le lecteur spécialiste du texte sera également intéressé par les notes philologiques et les notes d’identification des sources. Il en est de même pour l’encodage des formes diplomatiques et critiques de l’édition : les éditeurs peuvent encoder, dans une même unité de texte XML, les informations propres à l’édition critique et à l’édition diplomatique du texte. Le lecteur peut ensuite, pour chaque manuscrit témoin consulté, choisir de visualiser l’un ou l’autre type d’édition.
L’édition critique numérique ou l’accès au laboratoire du philologue
Dans le Johns Hopkins Guide to Digital Media (2014), faisant écho à la réflexion menée par Wendy Chun (2006), Jessica Pressman (2014) interroge les rapports qui se nouent entre les nouveaux et les anciens médias (section « Old Media/New Media », 365). Selon elle, si les médias traditionnels influent sur les modes de fonctionnement des médias numériques, l’inverse est également vrai. Il importe ainsi d’analyser les changements opérés par les nouveaux outils sur les modes de recherche traditionnels : « Yet, the work of the new is precisely what inspires us to reconsider the old » (Pressman 2014, 365).
De fait, les nouveaux médias ont la particularité d’amener les chercheurs à reconsidérer leurs méthodes de travail et leurs activités de recherche. C’est précisément ce qui survient dans le domaine des éditions critiques numériques. Les potentialités nouvelles apportées par les outils techniques – en matière de traitement et de présentation de l’information – amènent les éditeurs à poser un regard nouveau sur leur travail philologique. Cela les invite à s’interroger sur l’utilité qu’il peut y avoir, pour les lecteurs, d’accéder aux données produites durant la préparation de l’édition.
Les données de travail du philologue
En effet, le travail préparatoire à l’établissement d’un texte – dont nous avons rappelé plus haut les étapes principales – donne lieu à la production d’un ensemble de données de travail : descriptions des manuscrits, données codicologiques, transcriptions, relevés de variantes ou encore tableaux comparatifs des leçons des manuscrits témoins. Dans l’édition critique traditionnelle, ces données demeurent en grande partie masquées, le format du livre posant des limites à l’éditeur. Le philologue présente le texte édité et un choix de variantes dans l’apparat critique, mais il ne peut fournir les transcriptions complètes des manuscrits, ni l’ensemble des données d’analyse philologique, ni les fac-similés des manuscrits. Ainsi, lorsque les éditeurs décident d’adjoindre des documents iconographiques à leurs éditions critiques publiées au format livre, ils ne peuvent mettre que quelques planches à titre d’exemple, afin que le lecteur se rende compte de la nature du manuscrit et de sa présentation matérielle.
Au contraire, dans l’édition numérique, le problème de limitation de place ne se pose plus : les éditeurs ont alors la possibilité technique de fournir la quantité d’informations qu’ils souhaitent. De plus, par la souplesse de ses contenus, le medium numérique permet de publier des informations de types très divers. C’est alors que se pose la question, pour les éditeurs numériques, de la publication de leurs données de travail.
De fait, on observe souvent, dans une édition critique numérique, que l’éditeur donne accès à ce type de données. La norme tend à l’accompagnement de l’édition critique par les transcriptions de manuscrits témoins. Il en est de même des images des manuscrits, qu’il est aisé d’adjoindre à l’édition numérique. Les images peuvent alors être consultées parallèlement à l’édition du texte, comme dans l’édition des Carnets de prison d’Henri Delescluze (Nougaret et Clavaud 2015). Dans cette édition, les fac-similés des carnets sont disposés face à leur transcription ou bien, au choix du lecteur, face à l’édition critique du texte en question. Cependant, les images peuvent tout aussi bien être consultées de manière indépendante, comme dans l’édition du Cartulaire blanc de Saint-Denis (Clavaud et Guyotjeannin 2010). Elles constituent dans ce dernier cas une voie d’entrée particulière à l’édition critique, au même titre que le texte établi.
Ces données sont proposées au lecteur comme un accès encore plus direct aux différents manuscrits témoins et comme un moyen d’exploitation le plus complet possible de ces documents.
Pour illustrer nos propos, nous allons prendre trois exemples. Le premier est caractéristique des éditions numériques. Il s’agit ici de l’édition des Chroniques de Froissart (Ainsworth et Croenen 2013), dont on présente l’incipit. Les éditeurs numériques proposent, pour chaque manuscrit témoin, les images du manuscrit avec, en parallèle, la transcription du texte afin que le lecteur puisse consulter les images plus facilement. Les descriptions codicologiques des manuscrits sont également proposées au lecteur et sont accessibles à partir de cette même page (Figure 5).
Le deuxième exemple s’intéresse aux listes de variantes produites par le philologue au cours de l’examen des manuscrits témoins. Lorsqu’une édition critique est menée à partir d’un grand nombre de manuscrits témoins, les éditeurs font un choix sélectif des variantes dans l’apparat, pour ne pas l’alourdir excessivement. La liste exhaustive des variantes, qu’il est possible d’inclure dans une édition numérique, permet alors au lecteur d’avoir une vision très précise de la diversité des leçons présentes dans la tradition manuscrite de l’œuvre en question.
Nous présentons la liste de variantes élaborée dans le cadre de l’édition critique numérique du traité politique De Monarchia de Dante (Shaw 2009) (Figure 6). Lorsque le lecteur consulte le texte édité, il peut avoir accès, pour chaque paragraphe du texte édité, à la liste complète des variantes telles qu’elles apparaissent dans l’ensemble des manuscrits : ces manuscrits sont repérables par leurs sigles.
Enfin, le troisième exemple est celui des modules de comparaison que certains éditeurs adjoignent à leurs éditions critiques numériques. Les outils techniques permettent de comparer les différentes versions d’un texte, au travers des transcriptions des manuscrits qui représentent chacun un état de la tradition textuelle de l’œuvre éditée. La plupart des outils de comparaison proposent de choisir, parmi la liste des manuscrits disponibles, différentes versions du texte à comparer les unes avec les autres. Il en est ainsi de l’outil, très flexible dans le choix du nombre de versions à comparer, proposé par les éditeurs de Walden de Thoreau (Schacht 2019). Les différences entre les textes sont mises en évidence par un jeu sur la typographie des passages concernés. Certains éditeurs appliquent même ces outils de comparaison à des documents iconographiques, comme par exemple dans l’édition de la tapisserie de Bayeux (Foys 2013) (Figure 7). On peut y comparer les représentations des scènes de la conquête normande de l’Angleterre telles qu’elles apparaissent dans la tapisserie de Bayeux avec les représentations que contiennent ses copies (gravure de Montfaucon de 1730, gravure de Stothard de 1820 et broderie de 1886).
L’édition numérique comme matériau philologique complet
De par la multiplicité et la diversité des documents qu’elle peut contenir, l’édition numérique permet donc à l’éditeur de livrer plus aisément les informations qui explicitent sa démarche philologique. En accédant ainsi aux données de travail du philologue, le lecteur entre véritablement dans le laboratoire de création de l’édition critique. Au-delà de source littéraire ou historique, l’édition critique peut alors devenir un matériau philologique complet.
Ces données de travail et de recherche présentent en premier lieu un intérêt philologique et critique. Mais elles peuvent également fournir aux chercheurs matière à mener des études approfondies sur divers aspects des textes : études linguistique, stylistique, de concordance, etc. En effet, l’encodage des transcriptions des témoins et des variantes selon les normes de balisage adaptées permettent de constituer des corpus d’étude6 (Huitfeldt 2014, 158).
Ces données de travail du philologue peuvent donc être très utiles pour le lecteur, d’autant plus si :
le lecteur spécialiste a la possibilité de les manipuler et de les réutiliser pour mener ses propres analyses.
des parcours de lectures sont élaborés pour aider le lecteur généraliste à appréhender et découvrir le corpus.
Bien évidemment, les éditions critiques numériques ne partagent pas toutes le même modèle de données. Les éditions numériques sont aussi nombreuses que diverses et il serait sans aucun doute bénéfique d’établir des modèles normatifs, en fonction de la documentation source éditée et en fonction du type d’édition que les éditeurs veulent développer. Si l’on souhaite produire des éditions numériques pleinement fonctionnelles – qui favorisent l’étude et l’analyse des corpus édités –, rappelons l’importance que joue la publication des données sous licence libre.
Une édition critique ouverte
Une troisième caractéristique propre à l’édition critique numérique influe grandement sur la fonction que l’éditeur lui attribue : il s’agit de sa nature non-figée. En effet, elle constitue une édition ouverte à deux égards. D’une part, elle permet une évolution du contenu dans le temps ; d’autre part, elle accroît les possibilités de collaboration.
En cela, elle se démarque très fortement de son homologue traditionnel qui présente un contenu élaboré aux contours bien délimités : le texte établi est fixé de manière définitive sur papier. Une fois éditée, il n’est plus possible de revenir sur l’édition critique, à moins d’en réaliser une nouvelle. C’est ainsi que certaines œuvres font l’objet d’éditions répétées au cours des siècles et des années, comme le montre, par exemple, la fortune philologique qu’a connu le texte de la Vie de Saint Alexis7, matière, dans sa version en laisses de décasyllabes assonancés, à plus de 30 éditions critiques différentes depuis le XIXe siècle.
Une édition évolutive
Pour sa part, l’édition critique numérique se démarque par son potentiel d’évolution. Il est toujours possible de revenir sur une édition numérique afin d’apporter de nouvelles informations et de compléter le travail qui a été déjà réalisé. Par le caractère ouvert de leurs réalisations, les éditions critiques numériques facilitent ainsi une actualisation régulière des informations accumulées (Sahle 2016). Cette révision des données peut signifier une augmentation du volume de la documentation, avec l’adjonction de nouvelles sections au fur et à mesure de leur édition ; elle peut également être entendue comme la possibilité de reprendre, affiner ou corriger, autant que souhaité, les informations déjà publiées.
D’ailleurs, nombreux sont les projets d’édition numérique qui publient l’édition au fur et à mesure de sa réalisation, sans attendre qu’elle soit terminée. Pour indiquer que l’édition est en cours, certains éditeurs font le choix de proposer des versions bêta de leurs travaux, à l’image de l’édition du Livre de Verceil (Rosselli del Turco 2014). D’autres mettent leur édition en ligne au fur et à mesure de l’établissement du texte, en mentionnant clairement l’état d’avancement de leur travail. C’est le cas de l’édition – génétique – numérique de Walden de Thoreau (Schacht 2019). Dans l’illustration (Figure 8), nous voyons que dans leur plan de travail, deux étapes sur les cinq prévues au total ont été réalisées.
Le caractère évolutif des éditions numériques pose cependant des questions nouvelles aux éditeurs, interrogeant notamment les notions d’autorité et de pérennité de l’édition. En effet, si une édition évolue sans cesse, comment est-il possible d’en garantir l’autorité ? Comment donner au lecteur l’assurance qu’il consulte la même édition numérique de référence que celle qu’il a pu consulter quelques mois plus tôt ? De quelle manière le chercheur peut citer l’édition numérique ?
Pour répondre à ces questions, il faudrait définir des règles claires et communes d’actualisation de l’édition à l’intention des éditeurs numériques. À ce jour, les pratiques diffèrent largement d’une édition à l’autre. Ces questions d’autorité et de normalisation restent donc encore largement à traiter si l’on souhaite parvenir à la mise en place de marqueurs d’autorité communs. Toutefois, les éditeurs numériques et les spécialistes du domaine s’intéressent de plus en plus à ces problématiques qui sont abordées dans la majorité des ouvrages récents consacrés à l’édition critique numérique (Sahle 2013 ; Apollon, Bélisle et Régnier 2014 ; Pierazzo 2015 ; Driscoll et Pierazzo 2016).
L’édition numérique est donc une édition critique ouverte parce qu’elle est non figée et demeure en constante évolution. Mais elle l’est également dans le sens où elle permet, et appelle même parfois, la collaboration des lecteurs. Il s’agit d’une collaboration au travail philologique même : dans certains projets de recherche, les lecteurs peuvent ainsi participer à la réalisation de l’édition critique.
Deux niveaux de collaboration
Cette collaboration s’organise à deux niveaux. Le premier niveau de collaboration permet aux lecteurs de l’édition critique de poster des commentaires sur l’édition. Ils peuvent par exemple remarquer une erreur dans la transcription d’un manuscrit, ou bien encore aider à l’identification d’un nom de lieu mentionné dans le corpus. Pour les éditeurs, l’objectif est alors de recueillir ces informations et d’amender ensuite, si nécessaire, leur édition. Ainsi, les éditeurs de l’œuvre de Thomas Gray proposent à l’attention des lecteurs, pour chaque texte édité, un formulaire de soumission de commentaires (Huber 2019) (Figure 9).
Le second niveau de collaboration intègre les lecteurs de manière plus directe dans l’élaboration de l’édition critique. Il ne s’agit alors plus seulement de laisser des commentaires, mais de participer à la transcription des manuscrits, à la traduction des contenus, et parfois même à l’élaboration d’études analytiques du corpus.
L’édition numérique a ainsi fait émerger une nouvelle catégorie de public, que l’on peut nommer collaborateurs externes. Bien entendu, cette catégorie d’utilisateurs ne se retrouve pas dans l’ensemble des éditions numériques. Celles qui sont déjà abouties ne font pas appel à la contribution des lecteurs, même s’il est toujours possible de contacter l’équipe éditoriale. En revanche, certaines éditions, mises en ligne pendant le processus du traitement de la documentation et de l’établissement du texte, proposent aux lecteurs de participer au projet. Les appels à contribution prennent la forme d’invitations sur la page d’accueil, comme c’est le cas de l’édition Homermultitext (2018)8, ou bien de sections particulières dans le menu de navigation général, comme dans l’édition des Registres de la Comédie française (Biet et Ravel 2015)9.
La participation active des lecteurs dans l’élaboration de l’édition pose plusieurs questions, notamment celle de leurs compétences et celle de la validation de leurs contributions (Terras 2016). Une édition numérique doit en effet pouvoir offrir la même garantie de qualité philologique et critique qu’une édition traditionnelle. Aussi, la participation des collaborateurs externes est soumise à un processus de vérification et de validation scientifique avant publication. Les éditions numériques détaillent parfois les modalités de participation, indiquant, comme c’est le cas de l’édition consacrée à Thomas Gray, les étapes de publication des contributions10.
Conclusion
L’édition numérique est donc l’occasion d’un positionnement éditorial nouveau. Elle permet une diversification des informations présentées et une prise en compte de plus en plus forte des lecteurs au cours du travail philologique. Enfin, la double ouverture des éditions numériques – ouverture à la publication de nouveaux contenus dans le temps et ouverture à la collaboration – influe sur la fonction de l’édition critique. Bien entendu, ces spécificités de l’édition numérique posent des questions nouvelles. Multiplier les types de documents et d’informations présentés pourrait sembler dénaturer l’édition critique. Et de même, la pratique aujourd’hui courante dans les éditions numériques qui consiste à associer de manière étroite les utilisateurs au processus éditorial semble contrevenir aux usages de la méthode classique. Selon les principes traditionnels, cette démarche pourrait menacer la rigueur scientifique de l’entreprise ainsi que la garantie d’autorité du document produit. Or, l’objectif des éditeurs est bien d’améliorer les méthodes et les techniques de l’édition critique en sollicitant et réunissant des compétences multiples : philologues, ingénieurs, utilisateurs avertis et utilisateurs ponctuels. En associant l’ensemble de ces acteurs, les chercheurs ont l’ambition de développer des outils de travail efficaces et faciles à utiliser qui correspondent véritablement aux attentes des lecteurs et aux exigences des spécialistes.
Les éditeurs numériques essaient ainsi de dépasser le modèle de l’édition traditionnelle, et ce, non pas dans la méthode et le travail philologique – les outils techniques ne font, au mieux, qu’accompagner des processus d’analyse critique qui perdurent à travers les siècles – mais dans les modes d’accès à l’information que le numérique permet. Même s’il ne remet pas en question la méthode et le travail philologique, ce dépassement n’est pas anodin. Il force les éditeurs numériques à modifier leur conception même de l’objet créé, de façon à ce que celui-ci s’ajuste le plus précisément possible aux modes de navigation, de recherche et d’approche du texte appropriés à la fois au corpus et au public visé. De plus, cerner les attentes et les besoins des utilisateurs, tout comme les satisfaire grâce à la technologie, impose une manière différente d’appréhender le travail d’édition critique. Celui-ci devient beaucoup plus collaboratif et engage des acteurs très divers. D’ailleurs, le travail collaboratif est l’un des piliers méthodologiques des Humanités numériques au sein desquelles s’inscrivent les éditions critiques numériques.
Notes
- Lorsque nous employons l’expression « édition numérique », nous le faisons en lieu et place de l’expression « édition critique numérique », dans un souci d’allègement sémantique. De la même manière, le terme « éditeur » employé seul renvoie à l’expression « éditeur scientifique » d’une édition critique et n’évoque pas le responsable d’une maison d’édition ou d’une collection. [^]
- Pour entrer plus précisément dans les méthodologies en vigueur dans le domaine philologique, nous renvoyons aux ouvrages Conseils pour l’édition des textes médiévaux de P. Bourgain et F. Vielliard (2002), Les Mots de l’édition de textes de F. Duval (2015), Scholarly Editing : A Guide to Research, sous la direction de D.C. Greetham (1997), Ars edendi : introduction pratique à l’édition des textes latins du Moyen Âge de R.B.C Huygens (2001) et L’édition critique des textes contemporains de C. Nougaret, E. Parinet et F. Clavaud (Nougaret et Parinet 2015). [^]
- Dans une édition critique, l’apparat critique, disposé dans les notes de bas de page, rend compte, pour chaque lieu variant, des leçons présentes dans les manuscrits témoins que l’éditeur n’a pas retenues pour établir son texte. [^]
- Terme utilisé en philologie pour désigner « ce qu’on peut lire dans un manuscrit à un endroit donné » (Bourgain et Vielliard 2002, 213). Des leçons différentes sont appelées variantes. [^]
- Nous donnons la liste complète de notre corpus d’étude en bibliographie. [^]
- Ainsi, dans son article « Markup Technology and Textual Scholarship », Claus Huitfeldt (2014) rappelle la diversité des analyses des textes que permettent les outils techniques, dès lors que les corpus sont encodés selon des normes de balisage appropriées – comme l’est le XML/TEI : « if the aim of preparing the edition is extended to include making it available for use with modern tools for search and retrieval, computer-assisted concordancing, collation, word-frequency counts, collocation analysis, linguistic or stylistic analysis, and so forth, then in practice there is no alternative to employing standards for generalized markup » (158). [^]
- La vie de saint Alexis est un poème hagiographique du XIe siècle qu’a notamment édité Gaston Paris en suivant et en adaptant à son texte la méthode des fautes communes, introduisant de ce fait en France la méthode philologique de Karl Lachmann. Le site Arlima (Archives de littérature du Moyen Âge) recense, à l’adresse suivante, les éditions critiques et études monographiques consacrées à ce texte médiéval : http://www.arlima.net/uz/vie_de_saint_alexis.html#. [^]
- Dans Homermultitext, consacrée à l’édition des textes d’Homère, il est indiqué en page d’accueil : « The Homer Multitext welcomes collaboration in the form of diplomatic editions, images of historical documents, and translations » (Dué, Ebbott, Blackwell, et Smith 2018). Cette invitation à collaborer est suivie des coordonnées de deux responsables du projet. [^]
- Cette édition lance un appel à contribution dans la section « Espace pédagogique » de leur application. [^]
- Les éditeurs indiquent ainsi : « You can use this form to contribute an annotation to or a query about the selected passage. Your contribution will be sent to the editor for review, and will subsequently appear together with your contact details as part of the existing commentary. All contributions are covered under the Open Publication License v1.0. Please note that the form will only be submitted to the editor if all required fields are filled in. Thank you for your contribution! ». [^]
Déclaration de conflit d’intérêts
Les auteurs déclarent l’absence d’un conflit d’intérêts.
Références
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Ménard, Philippe, Jeanne-Marie Boivin, Laurence Harf-Lancner, et Laurence Mathey-Maille. 2003. Le devisement du monde. Tome 2 : traversée de l’Afghanistan et entrée en Chine. Genève: Droz.
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Liste des éditions numériques citées en exemple
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Huber, Alexander. 2019. “Édition de l’œuvre de Thomas Gray.” Consulté le 21 mai 2019. http://www.thomasgray.org.
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Nougaret, Christine, et Florence Clavaud. 2015. “Édition des carnets de prison d’Henri Delescluze.” Consulté le 21 mai 2019. http://elec.enc.sorbonne.fr/delescluze/.
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Shaw, Prue. 2009. “Édition de la Monarchie de Dante.” Consulté le 21 mai 2019. http://www.sd-editions.com.